L’autre face de l’économie numérique

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Grâce à internet, le financement participatif ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Et son recours ouvre de bien beaux projets.

D’abord un peu d’histoire. Le financement participatif trouve ses origines au XVIIIe siècle lorsque les associations font appel à la population pour récolter de l’argent. Lorsqu’Auguste Bartholdi a fabriqué la statue de la Liberté, il manquait de moyens financiers. C’est donc à travers la presse, des banquets et autres loteries que, peu à peu, il a réussi à réunir la somme nécessaire pour la construction de ce monument. Le nombre de 100.000 souscripteurs fut annoncé par l’Union franco-américaine, organisatrice de la levée de fonds. Dès la fin de l’année 1875, quelques mois après le début de sa campagne, les fonds rassemblés s’élevaient déjà à 400.000 francs.

Quand les Barcelonais de l’association des dévots de Saint-Joseph souhaitent leur établissement religieux, la Sagrada familia, ils rachètent les terrains grâce à l’aumône et se rassemblent pour financer les débuts des travaux. Plus de 140 ans après, la construction n’est pas terminée et reste toujours financée par les visiteurs. L’histoire de l’art possède aussi son lot d’anecdotes. John Cassavetes, dans les années 1950, annonce à la radio qu’il souhaite produire un film indépendant sans l’aide des studios de cinéma, il reçoit l’aide de 2.000 donateurs anonymes dès le lendemain. Permettre aux amateurs de participer aux projets artistiques, d’être acteur de ces projets, d’avoir un lien privilégié avec les artistes n’est pas nouveau, tout autant que la possibilité de souscrire, de financer en amont. Ariane Mnouchkine le faisait sous forme de souscription. C’était bien avant internet.

Nouveau socle des stratégies financières

Aujourd’hui, il existe 500 plateformes dans le monde. Elles ne font que remettre au goût du jour et en lumière un système sain et efficace. Ulule est l’une d’entre elle. Elle est devenue leader en Europe depuis sa création en octobre 2010, de par le nombre de projets déposés (18.000) et financés (13.300) et de pays touchés (182). Son directeur général, le Tourangeau Arnaud Burgot, est l’invité du réseau Carnet Pro du groupe Nouvelle République. À l’interrogation « Gadget tendance ou nouveau socle de la stratégie financière de nos entreprises ? », il viendra plaider en faveur d’un nouveau type de participation, créateur d’emplois. Car avec un niveau d’épargne élevé, en France plus particulièrement, les contributeurs n’ont jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui.

Et c’est tant mieux pour les porteurs de projets, plus enclins à pratiquer cette aumône « par la foule » que d’aller convaincre leur banquier. Alors, si tu ne viens pas à la Lagardère, Lagardère ira à toi. La Banque populaire a compris tout l’intérêt à observer le phénomène et à s’y investir avec discernement, en complémentarité avec les autres financeurs. C’est pour le secteur bancaire le meilleur moyen de repérer celui ou celle qui détient la bonne idée.

Certaines plates-formes de crowdfunding comme Ulule, KissKissBankBank et MyMajorCompany fonctionnent sur le principe du don. Une contrepartie est prévue selon son montant. Et le remboursement au contributeur est assuré si la somme demandée n’est pas atteinte. On peut aussi devenir actionnaire à part entière sur Anaxago, Happy Capital, Lumo, Particeep, SmartAngels, Sowefund, WiSeed. On parle alors d’equity crowdfunding et les plateformes doivent être agréées en tant que prestataires de services d’investissement auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de régulation (ACPR). Ou bien être immatriculées auprès de l’Orias en tant que conseillers en investissement participatif, après examen de leur dossier par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Credit.fr, Lendopolis, Prêt d’Union, Unilend fonctionnent sur le modèle de prêteurs, en direction d’épargnants à la recherche de revenus complémentaires. Ce sont des banques sans dire leur nom, parfois à des conditions plus avantageuses que les institutions.

Du local à l’international : c’est ce qu’espèrent nos entrepreneurs tourangeaux qui ont décidé d’agir pendant la campagne « Make In Loire Valley » ouverte jusqu’au 24 juin prochain sur le site éponyme. Hébergée par Ulule, elle a permis de faire connaître 45 projets tourangeaux créatifs, innovants, artistiques et solidaires. Une expérience unique en France et qui devrait être étendue à l’échelle régionale l’an prochain. Et quand on interroge un autre fondateur de plateforme sur les conditions de réussite d’un bon crowdfunding, Slava Rubin (Indieego) répond trois choses : une page bien présentée, la faire vivre autant que possible et réussir à toucher une audience intéressée.

Pour que tout le monde y trouve son compte…

Via Cap’éco